C’était un dimanche de mars à l’ouverture. J’y fus comme une invitée qui aurait saisi le privilège d’une flânerie esthétique en attendant d’être reçue par ses hôtes : j’y ai déambulé à pas feutrés, en toute discrétion. J’ai bu à petite gorgée le charme unique d’un musée d’exception. J’y ai écouté Camondo lire les lettres d’Edmund de Waal posées sur le bureau ; je l’ai regardé éplucher une pomme devant une coupelle à l’épure japonaise ; j’ai entendu l’eau couler dans la salle de bain, la fenêtre se refermer, Nissim ouvrir celle sur le parc pour la fraîcheur ; j’y ai vu les lampes de chevet s’éclairer le soir, et se lire oui, les lettres disséminées d’Edmund de Waal. C’était d’une délicatesse inouïe, j’y étais une invitée que l’on ne voyait pas. Et ce fut un moment merveilleux.